Komona a 12 ans lorsqu’un groupe de rebelles ravage son village d’Afrique subsaharienne, la force à abattre elle-même ses parents, et l’enlève pour l’obliger à combattre aux côtés d’autres enfants soldats. Elle deviendra, malgré elle, une sorcière vénérée par l’armée du Grand Tigre Royal, une enfant brisée, mais inlassablement résiliente, une esclave sexuelle, une héroïne de guerre et une mère. Son histoire, elle la raconte à l’enfant qui grandit dans son ventre et qu’elle n’est pas sûre d’avoir la force d’aimer.
Comment trouver les mots justes pour raconter un tel drame au cinéma? Le réalisateur québécois Kim Nguyen parvient à le faire avec sincérité et sensibilité, en concentrant sa vision sur le monde intérieur des enfants plutôt que sur l’horreur et la violence de la guerre. Ainsi, au milieu des combats au kalachnikov et des traumatismes, on voit apparaître des fantômes magiques, des jeux d’enfants tout simples, des tranches de vie spontanées, et un amour tendre et désarmant.
Ce qui fait la force de ce film abondamment récompensé à travers le monde, c’est le jeu époustouflant des membres de sa distribution, et en particulier des jeunes Rachel Mwanza et Serge Kanyinda. Grâce à un travail de réalisation guidé par l’instinct et l’improvisation, Kim Nguyen a su mettre en valeur le talent brut de ses acteurs, pour la plupart amateurs, ainsi que la beauté effervescente des décors naturels du Congo. Finalement, à travers une histoire bouleversante et universelle, dans Rebelle, c’est l’Afrique noire qui crève l’écran.