On le sait : le parcours des victimes d’agressions sexuelles dans le système judiciaire est long et ardu, et souvent insatisfaisant. Dans un crime qui oppose une victime et un agresseur, souvent sans aucun témoin, la Cour trouve difficile d’assurer la culpabilité de l’agresseur hors de tout doute.
Mais si nous ne sommes pas passés par ce processus difficile, nous sous-estimons peut-être à quel point celui-ci peut être éprouvant.
Dans ce documentaire percutant, les journalistes Émilie Perreault et Monic Néron se demandent quelle victime est assez crédible pour être crue par la justice? Faut-il être parfait(e) pour être entendu(e)?
Elles rencontrent donc des victimes de tous les horizons – principalement des femmes, mais aussi des hommes – pour comprendre ce qu’il faut pour que la justice tende l’oreille à ceux et celles qui veulent se faire entendre. Et la réponse donne froid dans le dos.
Le documentaire a essuyé de légères critiques pour quelques inexactitudes, mais celles-ci s’avèrent mineures; on parle d’un avocat interviewé qui a menti sur son taux de succès au tribunal, et d’un chiffre que le Directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait pas rendu public jusque-là. C’est donc, somme toute, un excellent travail de recherche de la part des journalistes.
Sorti dans la foulée du mouvement #MeToo, La parfaite victime a fait couler beaucoup d’encre au Québec. D’ailleurs, le gouvernement provincial a annoncé, à la fin de 2021, la création d’un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, qui devrait rendre le processus plus approprié pour les victimes. Comme quoi les choses peuvent changer pour le mieux!
À NOTER : Au Gala Québec Cinéma de 2022, le film est en lice dans la catégorie Prix du public.