Pouvons-nous quitter notre lieu de naissance assez longtemps pour nous sentir complètement étrangers ou étrangères? Pour remettre en question nos valeurs familiales? Pour vouloir qu’un changement social s’opère au sein de notre communauté d’origine?
Avec ce premier long-métrage, la réalisatrice et artiste multidisciplainre anichinabée Caroline Monnet livre un plaidoyer engagé pour l’autodétermination des peuples autochtones dans le Nord-du-Québec. Avec brio, elle met en images l’histoire de Mani (jouée par l’actrice mohawk Kawennáhere Devery Jacobs qui est l’une des ambassadrices de notre campagne Découvrons-NOUS), une étudiante algonquine à la maîtrise à Montréal qui retourne temporairement chez elle pour terminer son mémoire sur les politiques assujettissantes envers les Premières Nations. Sur place, elle fait face à un enjeu qui divise la population : autoriser ou non la vente d’alcool dans la réserve. Elle tentera d’y tenir un référendum sur la question, avant que son adversaire, une contrebandière québécoise (Pascale Bussières), lui mette des bâtons dans les roues. Qui aura raison de l’autre?
Voulant donner la place aux femmes fortes et déterminées, ce film met en vedette des actrices de grand talent d’origine autochtone, soit la poétesse Joséphine Bacon (vedette du documentaire Je m’appelle humain – cliquez ici pour lire la critique) et Dominique Pétin (qu’on pourra voir dans Pour toi Flora, une première fiction dramatique écrite, réalisée et produite par des créateurs autochtones). Leur jeu nous fait vivre une large palette d’émotions, allant de l’empathie à la tendresse en passant par la colère devant les inégalités qui se font toujours sentir envers les Premières Nations.
Durant 81 minutes, nous sommes invités à découvrir les traditions, les enjeux, le fort sentiment d’appartenance au territoire et la connexion à la nature des communautés autochtones. Pour renforcer cette « immersion », nous entendons des dialogues en trois langues : français, anglais et anishinaabemowin (algonquin).
Bootlegger est donc plus qu’un simple divertissement : il se veut aussi un geste engagé en soutien à sa cinéaste qui souhaite que les communautés autochtones participent aux décisions politiques, plutôt que de se les faire imposer. (Re)découvrons sans plus tarder cette œuvre engagée et engageante.
À NOTER : Au Gala Québec Cinéma de 2022, le film est en lice dans huit catégories, dont Meilleur premier film, Meilleure interprétation féminine – premier rôle (Pascale Bussières) et Film s’étant le plus illustré à l’extérieur du Québec.